Piège de cristal infernal.
À la scène d'intro plate et tellement attendue
répond un Die hard du pauvre mâtiné
de Tour infernale, trop fortement copiteur.
Parce que tout est dit en quelques minutes, jusqu'à l'identité
des bad guys insoupçonnables. No suspens.
En réponse à Die hard les scénaristes
ne trouvent rien de mieux qu'une plus grosse tour, un héros
plus musclé et des effets plus énaurmes. Car de
toutes évidences les raisons du génie de Piège
de cristal, tout autant que les raisons
de son succès, échappent complètement à
ses messieurs. Il n'a pas suffit d'un homme acculé voulant
sauver sa famille de terroristes dans un gratte-ciel : quand
John McLane était un flic commun, un papa lambda auquel
on s'identifie, les scénaristes de Skyscraper
font de leur héros un super-héros quasi
invincible (même si handicappé) ; et on ne prend
pas, on ne s'attache pas à lui... Je pousserais même
l'idée jusqu'à un détail partiellement
volé à Die hard : le handicap
de W. Sawyer n'est finalement que l'extension ++ des pieds nus
de McLane ; et ce détail essentiel n'est que trop rarement
l'un des moteurs de l'action. Au réalisme diégétique
de la saga phare des années 80 répond la surenchère
mal digérée et assumée d'un film que l'on
oubliera vite.
Il en résulte un film pour en mettre plein la vue, avec
des séquences XXL, plus impressionnantes que crédibles,
un réalisateur pas franchement inspiré (scènes
filmées bêtement en multi-angles et montées
sans logique) et un scénario parsemé de scènes
absolument grotesques. Grotesques comme faire des héros
les faux méchants du film (totalement tinutile), comme
sous-employer les acolytes hors de la tour (tuer pour pirater
un mot de passe...), comme l'arrivée bienheureuse et
inexplicable de flics quand le héros va se faire descendre,
comme une tuerie à la mitrailleuse dans une pièce
sans endommagé un ordinateur, comme un improbable "je
suis derrière toi" dans une scène finale
où le méchant est de dos (et le gentil face à
lui, sans qu'il ne s'en méfie) ; sans évoquer
les capacités physiques impressionnantes de la maman
! Les effets scénaristiques sont d'une lourdeur acharnée
: comme si un Petit Poucet avait semé des graines pour
retrouver son chemin (cf. Le redémarrage du téléphone
tellement incongru que l'on imagine bien qu'il servira à
l'histoire...).
On ne tremblera jamais pour cette petite famille, et quand on
est censé tremblé c'est trop énorme pour
frémir ; à peine sursauterons-nous une fois...
et de toutes façons les enjeux scénaristiques
sont d'une telle maigreur que l'on jette l'éponge rapidement.
Trop.