Tout débute par un intriguant et bien étrange
entretien, pour un film en flashbacks. Et puis les points forts
de l'oeuvre éclatent au grand jour comme des évidences
: la réalisation exigeante de P. T. Anderson, faisant
naître nombre de sentiments, dans autant de scènes
anodines en apparence. Et bien sûr le jeu du trop rare
D D Lewis, que j'ai grand mal à décrire si ce
n'est à lui prêter le terme de "perfection"
: oui, il tient de la perfection car tout est posé, pesé,
chaque émotion, chaque mouvement, chaque expression du
visage ; tout est douceur, tout est subtilité, tout est
nuances.
Le film va alors se focaliser tant sur une love story fulgurante,
comme seul le cinéma sait nous en donner, que sur un
métier et, ses exigences surtout, qui s'avèrera
être la plus grande histoire d'amour du personnage. Mais
la thématique reste un peu chiche ; la complexité
des relations humaines, amoureuses et professionnelles, les
apparats. Et la déliquescence d'un couple atypique, non
légitime, avec une soeur omniprésente et un homme
psychorigide à l'extrême, dont l'exigeance professionnelle
déborde sur ses exigeances personnelles. Jusqu'aux conséquences
dramatiques d'où découle cette longue toile scénaristique,
son final démentiel mais bien trop court, empli d'amour
fou au sens premier du terme. Le problème c'est que cette
dramaturgie finale n'est pas assez mise en avant, trop tardivement
peut-être, et aurait dû se trouver au coeur du film.
Une oeuvre très posée, très agréable
mais à laquel il manque un rien de fougue.