Liberté, liberté d'expression chérie.
Pentagon papers est une oeuvre dialoguée
de bout en bout, de façon à la fois percutante
et didactique, réalisée avec une profonde finesse
et une énergie débordante ; de délicates
images (avec toujours beaucoup de lumière qui déborde
des fenêtres, comme une note d'espoir, un symbole de vérité
penétrant les locaux du W. P.) et des mouvements de caméra
absolument somptueux et ingénieux. Une vraie recherche
formelle qui parfois touche, effectivement, au génie.
Sur le fond le film aborde les relations tendues entre le quatrième
pouvoir et le gouvernement. Il aura fallut, à la fin
des années 60, qu'un mensonge d'état (le bourbier
du Vietnam aurait pu se terminer bien plus tôt) se glisse
dans une oreille bien placée et bien avisée, pour
que cette révélation explosive débouche
quelques années plus tard par la mise en presse de documents
secrets défenses et compromettants. Et que naisse un
embryon de révolution populaire à l'encontre de
cette guerre ignoble.
Dans un premier temps on pourrait se poser la question : mais
quelle est l'intrigue ? La source, celui qui a révélé
ce mensonge, est connue du spectateur, les répercussions
historiques sont parfaitement maîtrisées du grand
public. Non : ici ce sont les dessous du pouvoir que l'on nous
fait découvrir par le biais d'un film qui possède
l'âme d'un thriller, cette presse muselée par l'état,
sous pression mais tenant tête ; c'est elle qui est le
moteur de l'intrigue. Avec des connections évidentes
avec la récente affaire WikiLeaks et un prolongement
avec cette réalité moderne de la presse, où
l'indépendance se fait rare puisque cette dernière
appartient bien souvent à des conglomérats aux
motivations et aux intérêts commerciaux, bien plus
que centrés sur la recherche de la vérité.
Le film en profite au passage pour finir de décrédibiliser
nos pitoyables dirigeants politiques, hypocrites, manipulateurs
et sans scrupules, ne servant que leurs intérêts
propres ; tous autant qu'ils sont. Aucun d'entre eux, ceux cités
dans le film, n'a jamais été, non seulement inquiétés
par la justice, mais seulement regardés par cette dernière
; combien de morts ont-ils sur la conscience ???
À quelque encablure du scandale du Watergate... Du journalisme
héroïque qui contribue à rendre le monde
meilleur ; et transparent aux yeux de ses citoyens. Garant de
notre liberté.