Voici donc la nouvelle expérimentation (à la
mode) pour S. Soderbergh : filmer entièrement une oeuvre
avec des i-phones. Passé le concept -dont l'utilité
est sans doute plus probante sur le plateau que sur un écran
(légèreté du tournage)-, il faut bien avouer
que l'exigence du metteur en scène est toujours la même
et on ne pourra pas s'y tromper. Notamment son art du découpage,
ses angles lourds de sens et à la variété
inestimable. Côté scénario, on est rapidement
emballé : une femme névrotique -ou réellement
harcelée ?- essaie de se soigner mais va plonger contre
son gré dans un cauchemar réaliste qui exploite
certaines de nos peurs (l'internement). Et on y plonge avec
elle. Sa folie se déclare peu à peu mais le scénario
va faire la part belle au doute ; dommage que ce doute, justement,
ne tienne pas assez longtemps pour maintenir l'intensité
du propos. La photo y est glaciale, participant au réalisme
de l'entreprise, mais le scénario peine à sortir
le nez du genre (psycho-killer), de sa base ; la trame restera
un peu grossière et le film manquera d'être assez
oppressant, faute de garder quelques zones d'ombre.
Expérience partiellement réussie qui nous fera
dire que, finalement, peu importe le flacon, pourvu qu'on ait
l'ivresse. On restera cinématographiquement à
peine éméché.