Quand l'égérie de N.
Baumbach passe derrière la caméra... S'il
est vrai que sur le fond le film ne se démarque pas de
nombre d'oeuvres américaines, indépendantes ou
pas, il y a un je-ne-sais-quoi, un petit côté magique
qui le rend tout particulièrement attachant. Il nous
conte la vie d'une jeune étudiante américaine,
une lycéenne lambda face à des choix de vie :
le choix d'une université alors que ses notes ne lui
permettent pas de rêver du meilleur, le choix de l'amour,
le choix de ces amis (es). Et celui de supporter une famille
qui lui a été imposée, comme à tous
adolescents. Mais ce n'est pas le college movie que l'on a l'habitude
de voir tant et plus, à la fois au cinéma et dans
de (trop) nombreuses séries TV outre-atlantique. Aucune
fioriture ici, beaucoup de simplicité, une certaine forme
de réalisme qui nous éloigne des clichés
usuels : il n'y a pas seulement des étudiants riches,
ni de stupides joueurs de football ou des cheerleaders sans
cervelle. Dans le monde de Lady bird -dans l'Amérique
contemporaine- tout le monde ne porte pas ce genre de masque,
tout le monde n'est pas un fêtard, un étudiant
doué, boursier ou beau, pas plus qu'on ne verra de ses
gropuscules d'élèves caractéristiques de
diverses modes et supposées hanter les campus US depuis
les années 60. Non. Mais Lady bird
affirme être du cinéma indépendant, d'une
énergie débordante, empli de références,
de vie ; emprunt de réalité tel un constat tangible
sur la jeunesse dans la société américaine.
C'est avant tout l'histoire d'une jeune femme qui essaie d'exister
: cherchant l'amour, se rêvant riche et / ou dans une
université à la fois prestigieuse et correspondant
à son parcours, sa sensibilité, se cherchant elle-même.
Et puis il y a de très beaux personnages secondaires
: l'amie fidèle, le père attachant, la mère
trop sensible, le petit ami, l'artiste...etc. Le tout baigné
d'une ambiance religieuse dont le pauvre prêtre semble
être le symbole : en désuétude mais prégnante...
N'oublions pas que S. Ronan y est absolument extraordinaire.
J'émettrai toutefois des réserves quant à
la jeune réalisatrice dont le travail peine à
émerger ; et sur ce fond qui brasse quand même
pas mal de thèmes rebattus. Il n'empêche que le
film est simplement plus sincère que beaucoup d'oeuvres,
plus proche de l'esprit d'un "13 reasons why" que
des caricatures hollywoodiennes ; c'est un vrai rituel de passage
à l'âge adulte ou la coccinelle (Ladybird) va changer
peu à peu de couleur au fur et à mesure où
elle avance dans son existence débutante.