Petits mensonges entre amis.
Il y a dans ce Jeu plein de personnages, et
autant de personnalités, bien intégrés
au récit, au sein d'une soirée entre amis qui
débouche sur un jeu dangereux : le jeu de la vérité.
Avec pour débat un éternel, intarissable sujet
: l'infidélité ; cette fois habilement centré
autour de cet obscur objet du désir qu'est le téléphone
portable. Même si dans la vraie vie une telle soirée
serait chiante comme la mort : parce qu'autant d'événements
en si peu de temps reste un joli prétexte cinématographique.
On s'attend à un jeu de massacre dans les règles
et de révélations qui font émerger des
non-dits, à des quiproquos, des mensonges et des petites
vérités. Avec la pseudo excuse de la pleine lune.
On s'attend à tout. Et d'ailleurs on a droit à
tout ça dans une première heure, exactement tout
ça, pas bien plus, sans surprise mais sans vernis non
plus, de manière parfois un peu rugueuse mais ricochant
toujours. Et fort heureusement ça finit par se décanter
et partir vraiment en live, un peu tard peut être, d'où
une digestion évènementielle un brin lourde, mais
bien comme il faut. Un peu trop en cascade mais avec de très
belles scènes, comme celle entre le père et la
fille (juste, magnifiquement écrite et intelligente).
Ni vaudeville, ni marivaudage, l'histoire suit son propre cours.
La belle pirouette finale qui, finalement, fait passer certaines
pilules, enquille sur une morale qui, à titre strictement
personnel, me dérange. Mieux vaut mentir pour maintenir
la paix dans le couple, entre amis ? On le sait, le mensonge
ne tient jamais longtemps : c'est reculer pour mieux sauter
autant qu'immoral, un peu comme vivre en respirant avec une
bouteille d'oxygène. Jusqu'ici tout va bien...
Pas facile de filmer un dîner et le rendre cinégénique
: mais l'histoire nous captive suffisamment pour excuser Cavayé
de ne point être Lumet ou Polanski. Je mettrai une mention
spéciale à S. Clément et à la musique
du film.
Pas de véritables causeries autour de la phone addiction,
de la notion moderne d'intimité ; mais une analyse mordante
du couple 3.0. Simplement le constat sans équivoque d'une
société où l'amour n'a plus de sens...
donc un film qui fait réagir, qui nous bouscule un peu.
D'accord ou pas, le scénariste a le mérite de
donner un vrai point de vue et de le défendre scénaristiquement
et moralement, et surtout d'amener le débat derrière
l'écran.