Mariage heureux... 5 minutes.
Toujours difficile de juger un tel film objectivement tant le
personnage principal est haïssable, exécrable. Femme
alcoolique, mère indigne, irresponsable, vulgaire et
très limitée intellectuellement ; pleine d'amour
pour sa fille mais maladivement égoïste et incapable
de lui communiquer cet attachement de manière digne.
Pas d'explications direct à ce désarroi social
: le lien mère / fille laisse simplement imaginer que
le modèle parental a été soigneusement
reproduit.
Je trouve très "courageux" de la part d'une
actrice de stature internationale comme M. Cotillard de jouer
un tel personnage, sachant qu'il sera détesté
1h50 durant. Mais c'est surtout le récit d'une petite
fille perdue -au sens propre comme au sens figuré- qui
cherche par tous les moyens à se faire aimer de sa génitrice,
de cet attachement de plus en plus défaillant à
celle qui n'a de mère que le nom. Une petite fille plongée
dans un monde qui n'est pas le sien, qui cherche à exprimer
sa profonde détresse, qui se cherche et cherche de l'affection
: sentiment trouvé en la personne d'un homme, lui aussi
brisé et interprété par un A. Lenoir toujours
aussi talentueux. La gamine est également extraordinaire
; la jeune actrice est le coeur du film, celui qui fait directement
battre le nôtre. Le scénario est parfaitement juste
: présentation quasi documentaire d'un modèle
parental tristement courant, sobrement décortiqué
et analysé avec pertinence.
Le message d'une telle oeuvre ? Chacun y verra ce qu'il veut
: pour ma part, et d'expérience, je prolongerai ce discours
qui, plutôt que d'expliquer les maux de nos sociétés
modernes de manière simpliste et irréfléchie,
évoquant tour à tour migrants, étrangers
et autres boucs émissaires plus pratiques que crédibles,
discours, donc, qui évoque une France misérable
et 100 % blanche, une plaie sociale qui prend de plus en plus
d'ampleur et un problème sociétal qu'il serait
temps de prendre avec plus de sérieux tant son coût
est élevé... et pas uniquement financièrement
Il est triste de devoir par ailleurs rappeler que la crème
du cinéma français se trouve souvent en bas du
box office : sensible, touchant, très fin, tout du long
souligné par une composition musicale éloquente,
au final vibrant ; moins drôle et successful que les Tuche
et compagnie, mais tellement plus important.