Il est tout à la fois toiletteur, dealer, père
aimant, petit voyou, trop gentil, passionné de chiens.
Mais vraiment, beaucoup trop gentil.
Tellement gentil qu'il se fait bouffer tout cru par un gros
voyou sans un brin de cervelle, harceleur à la violence
et la bétise sans faille. Ce que d'aucun appelleront
"abnégation totale de soi" se mue vite, pour
ma part, en stupidité maladive, ou en bêtise crasse
et grave.
Car ce film, au-delà de ses réelles qualités
esthétiques, a provoqué chez moi une espèce
d'agacement frénétique, de rage absolue et dérangeante,
et ce jusqu'en sa toute fin -interminable pour qui a cru comprendre
l'astuce- pour ce non héros très italien : foutre
sa vie pro, personnelle et familiale en l'air pour sauver, dans
un élan de bonté humaine absolue, un déchet
de l'humanité ?!?!? Certe : il s'agit d'une oeuvre traitant
de la violence, violence qui s'additionne, impunie (à
qui la faute !), et sur la libération de cette violence
par une autre violence, plutôt que par les voix légales
; puisqu'il est trop tard. D'ailleurs le final se prête
à interprétations (SPOILERS !!!) : il ne peut
brûler le corps de son ami / ennemi, ses amis ne l'entendent
plus, ne le voient plus, et il se retrouve très subitement
seul dans un quartier étrangement désert ; selon
moi, et d'après la théorie jusqu'auboutiste du
film, notre pauvre héros est bel et bien mort avec son
tortionnaire... comble de l'ironie.
Le film jouit pourtant d'une très belle photo, ténébreuse,
crépusculaire et naturellement dramatique, quelque chose
de très "fin de vie". Garrone est un habile
faiseur mais manque cependant de tonus et de mordant.