James fait son Ed Wood. Le portrait d'un faux artiste, énigmatique,
complètement perché, rêveur, cabossé,
tour à tour exubérant, ridicule, pathétique
; et riche. Très riche.
La vraie question : le plus mauvais réalisateur du monde
mérite-t-il un biopic ? La réponse de J. Franco
est assurément : oui. Parce que le personnage est unique
et qu'il est le incontestable centre d'intérêt
de l'ouvrage, parce que le film rend hommage aux petites gens
qui errent à Los Angeles en quête d'une gloire
éphémère voir chimérique. Parce
que le film montre l'envers et les revers de Hollywood par le
biais d'un vraie-fausse success story. Parc que c'est avant
toute chose l'histoire d'un homme sans talent, drôle à
force de faire montre de nullité. La question devient
alors : peut-on faire du cinéma sans un minimum de talents,
avec seulement cette envie irrépréhensible ? Disaster
artist se garde de répondre en présentant
un parfait contre-exemple, un cas extrême où le
statut de navet à permis au film d'être porté
à la connaissance du public, où son statut de
film "culte" l'a métamorphosé en un
succès d'estime improbable.
Le fait est que l'on hésite entre le rire, la pitié
et une certaine forme d'admiration devant la passion dérangée
de ce gars ; devant ce film dans le film qui est en réalité
un hommage aux rêveurs éveillés. Sans doute
Franco ne magnifie-t-il pas son film, ne rend pas assez son
"héros" assez touchant, admirable pour que
l'on s'y attache pleinement, hésitant constamment entre
le biopic appliqué, l'hommage sincère, la comédie
affirmée et le drame d'une vie quasiment ratée.
Un drôle de film, un bon film sur un mauvais film. Etrange
mais réussi dans l'ensemble.