La construction d'un personnage scénique.
Ça commence comme une success story, un peu rapide. Ascensionnelle.
Et je me dis que ça devrait difficilement surprendre
le spectateur de biopic que je suis.
Freddie a une voix et un talent de fou, Freddie est excentrique,
Freddie s'interroge sur sa sexualité, Freddie a une vision
; Freddie lance Bohemian Rhapsody. Ode aux différences,
à un artiste à part, sans ne jamais être
condescendant de ton ; sauf qu'à force d'insister, Hollywood
le transforme en freaks moderne, esclave d'une mode actuelle
qui veut que l'on réduise les gens à leur sexualité...
J'espérais voir le scénario prendre un ascendant
plus artistique, plus technique, décriptant l'oeuvre
du maître plus en profondeur et pas seulement sur l'air
d'un fond musical, aussi évocateur soit-il ; je me fiche
éperdument des frasques nocturnes du bonhomme mais bien
moins de sa vision d'auteur et de son génie scénique.
Simple rappel : l'oeuvre se nomme Bohemian rhapsody
et non pas Freddie Mercury...
Très, totalement descriptif et chronologique, c'est une
biographie trop appliquée, merveilleusement interprétée,
mais une bio de rocker avec sex, drug ans rock n'roll, chants,
crises et batailles d'égo. Avec en parallèle des
chansons qui s'insèrent joliment, comme des marqueurs.
Et justement, c'est la magie de ces chansons autant que la nostalgie
qui nous porte avant toutes choses dans ce film, leur puissance
inter-générationelle qui transpire l'émotion.
Car elles sont éternelles. Je reste mitigé, pour
ne pas dire surpris du succès immense de ce biopic :
juste avant d'assister à la reconstitution d'un Live
Aid plus vrai que nature, plus bouleversant que toutes les scènes
du film... alors que ce n'est finalement qu'un concert. Le film
se clôt sur une note plus que positive qui vous ravage
le cœur.
Singer (partiellement) ne nous offre pas son plus étonnant
travail.