Spike Lee joint : he's back for good. BlacKkKlansman
c'est l'histoire du premier agent de couleur dans
la police locale de Colorado Springs, Ron Stallworth ; mais
non content de passer "chez l'ennemi", Ron a fait
beaucoup mieux : il a infiltré le KKK.
Ce qui fait froid dans le dos avec ce scénario -malgré
le réveil imposé par les toutes dernières
images- c'est que l'on oublie vite la date à laquelle
il fait référence et que l'on se surprend à
croire combien il pourrait être assez contemporain. Et
c'est par le biais de l'humour grinçant, parfois acide,
que Spike atteint sa cible en plein coeur : ridiculiser le racisme
basique au gré d'un scénario couillu (et vrai),
le mettre face à ses contradictions, ses imbécilités
irréfléchies et superficielles, ses discours réducteurs
et maigres, crachant sur l'histoire et profitant de la faiblesse
de certains esprits à la fois naïfs, bassement haineux,
impulsifs et écervelés.
Une bombe historique, à l'heure où les racismes
décomplexés renaissent de par le monde et sans
raison aucune, où ceux-ci n'ont nul besoin de se cacher
derrière des cagouilles militantes, des discours policés
; historique et jamais manichéen, dans un bel enchevêtrement
de personnages (black, juif, nazi, Black panther), le film démontre
que le racisme peut devenir "propre" et le raciste
fréquentable, et ainsi accéder au pouvoir par
le mensonge et la tromperie idéologique. Tout comme il
l'a déjà fait (Italie, Brésil, Hongrie,
USA) où comme il menace dangereusement de le faire (Suède,
Allemagne, Autriche, Pologne).
Une oeuvre importante, à la réalisation faite
de symboles, interprété avec justesse et sans
fard (ou presque), au montage incisif et inspiré ; une
histoire folle comme le monde d'aujourd'hui...