La fille qui parlait à l'oreille des lions.
Ce film a tout pour séduire, et les familles et les cinéphiles
: à la fois oeuvre d'aventure exotique et film familial,
l'histoire possède un sujet original et, qui plus est,
explore une véritable multiplicité thématique
: l'enfant loin de chez elle, se sentant abandonnée,
différente / son lion blanc, loin de sa famille et différent
de par sa couleur ; c'est tout autant film sur la famille, ses
conflits parfois profonds, ses drames, petits et grands. Mais
l'histoire surprend de par la dénonciation virulente
de la marchandisation de la nature, via une aberration typiquement
humaine (inhumaine devrais-je dire).
Ce n'est pas une simple oeuvre familiale à une voix,
sans fond, obéissant au cahier des charges d'un genre
spécifique. Son scénario ne part pas en ligne
droite, même s'il s'autorise quelques facilités
(autour des incidents notamment). Il est joliment enveloppé
par la métaphore du lion blanc, sur les relations intimes
entre l'homme et la nature.
Le lien -une forme d'amour pure- avec la gamine est tout simplement
hallucinant, dépassant toutes mes attentes. Complètement
bluffant et surtout très impressionnant, provocant à
de multiples occasions un frisson, entre la peur et l'admiration.
La photo y est chaleureuse et solaire, baignant les images dans
des tons jaunes-orangés, nous plongeant en Afrique, ou
plutôt laissant un bout d'Afrique entrer dans nos contrées.
La réalisation est parfaitement dosée, avec beaucoup
de finesse et d'intelligence : pleine d'idées et de choix
pertinents, toujours au plus près des protagonistes,
finissant de construire le lien entre la jeune fille et l'animal.
Entre eux et nous.
Du choc hautement symbolique du final se dégage beaucoup
d'émotions, le genre qui laisse des traces chez les jeunes
et les moins jeunes spectateurs. Et une colère immense
que nous avons tous ressenti, avec plus ou moins de violence...