Pure poésie cinématographique usant avec talent
d'un véritable art de l'ellipse, doublé par la
beauté des images ainsi que d'immenses acteurs libérés
: le film avance par petites touches à peine perceptibles,
nuances d'émotion, ou plutôt de sensations. Malick
est un esthète absolu et il est difficile ici de ne pas
relever ses influences premières, notamment pour le cinéma
français en général et la Nouvelle Vague
en particulier : on y retrouve Godard à ses débuts
(les ellipses et la pureté des lignes, ici rendu par
l'usage d'une caméra légère) et Truffaut
dans une espèce de variation américano-moderne
de son Jules et Jim ; ou une espèce
de cousin éloigné... Culture US oblige, le maître
use de beaucoup de musique, de fines couches qui élevent
le film, lui donnent sa teneur (et son titre). Balade thématique,
love stories et exploration du domaine de l'amour et de la musique
; tout deux étant mis en exergue dans un exercice de
style des plus subtiles. Malick s'amuse à
déstructurer le récit classique, classieux, pour
obtenir un oeuvre qui semble rendre aux images et aux sons leur
vrai pouvoir de fascination, de séduction. Une oeuvre
amoureuse, sexuelle et pleine de pudeur (des scènes sexuées
sans nudité aucune), une belle leçon de 7ème
art que l'on prend plaisir à décortiquer. Soit
on se prend au jeu, soit on décroche : il est vrai que
l'histoire à une facheuse tendance à tourner en
rond...