Rock n roll ce sont tout d'abord des numéros
d'acteurs aussi variés que délicieux et parfaitement
justes. Mais c'est également un thème puissant
: une star souffrant de ne plus être reconnu comme "jeune
premier", "garçon dans le vent", mais
devenu un monsieur-tout-le-monde de 40 piges. C'est une oeuvre
sarcastique sur l'égo démesuré des acteurs
(certains) qui ne peuvent souffrir de n'être que des quidams,
voir des artistes has been ; et tout y passe, même si
parfois le film fait un peu bricolé, et il y a vraiment
matière à railleries bien senties et portraits
au vitriol. Lucide, drôle, original -un vrai sujet-, tripant
et irrésistible : le film se permet d'aller jusqu'au
bout de son idée, de son délire, dans un exercice
d'auto-dérision qui semble avoir été écrit
sur mesure pour tous les Mickey Rourke de la Terre. Une oeuvre
qui a l'intelligence d'écorcher méchamment le
star system et le jeunisme aberrant qui y est prôné...
avant de finir en eau de boudin et quasiment tirer un trait
sur un message pourtant bien engagé et assez décapant.
Dommage car le scénario finissait par être touchant
en jouant très justement sur la corde sensible. La pseudo
happy end où la belle prend conscience elle aussi de
son âge un rien avancé et accepte le nouveau corps
de son homme (disons plutôt qu'elle salive devant... remplaçant
honteusement le dégoût) est pour ma part une véritable
fausse note dans le film. Comme si celui-ci faisait volte face,
sous couvert d'acceptation du Moi intérieur et de l'amour
premier, et donnait raison à son idiot de personnage
qui aurait amplement mérité de finir seul en monstre
plus monstrueux que ceux que l'on croise au cinéma. Une
vilaine pointe de déception.