Un film important. Important pour ces hommes et ces femmes
brisés, afin que l'on jette un autre regard sur eux,
pas celui de la pitié mais celui de l'espoir... Un film
important pour les valides afin qu'ils mesurent leur chance
de tenir debout, manger, se laver et même aller aux toilettes
par leurs propres moyens. Mais le film ne fait pas directement
oeuvre de prévention pas plus qu'il verse dans le pathos
: il prend le parti de faire rire d'abominables tragédies,
exutoire pour les uns, dédramatisation pour les autres,
et s'il parvient à son but, aussi délicat soit-il,
c'est grâce au talent de Grand Corps Malade et surtout
à son expérience in vivo. De plus il y a une véritable
recherche formelle qui sied parfaitement au film et à
son propos : en faire un téléfilm à la
réalisation raide aurait tout simplement été
indécent et d'une violence insoutenable... Le scénario
n'oublie pas d'asséner quelques vérités
sur la vie que d'aucun sauront relever, il refuse une happy
end évidente pour mieux se concentrer sur tout autre
chose, naviguant divinement entre le physique et le psychologique.
Avec beaucoup d'intelligence. Un film en forme de beau et bon
miroir de la vie grâce à son humour très
fin qui fait toujours mouche et cette façon de jouer
sans cesse au yo-yo et tristesse et joie. Ou plutôt entre
joie et tristesse. Succès amplement mérité.