Je vais commencer par reprocher à ce film... de ne pas
être parfait.
Un homme étonnamment asociable, gardien d'immeuble, confronté
au décès de son frère en plein hiver, héritant
de la présence de son neveu. Des aller-retours dans le
passé. Parti de ces faits on sent très bien qu'il
y a anguille sous roche, que c'est un homme a déjà
été meurtri par la vie et que ces a priori vont
quelque peu amoindrir l'impact de la pourtant fabuleuse -si
je puis dire- scène dramatique. La réalisation
un peu quelconque de Lonergan n'y aidant guère ; il est
trop en retrait, trop télégénique. Mais
l'enjeu du film ne se situe pas dans une seule et unique scène.
C'est une oeuvre un rien glaciale et pourtant drôle sur
la vie, sur la mort, et sur le deuil. C'est le récit
d'un homme broyé par les drames de l'existence, sur un
semblant de renaissance ; l'oeuvre évoque également
la famille sous bien des aspects ainsi que la paternité
/ maternité : simple, juste, beau et âpre, définitivement
mélancolique, le film développe une sacrée
atmosphère à laquelle les deux fabuleux interprètes
principaux ne sont pas étrangers (Ben met un genou à
terre face à Casey). Il y a bien quelques longueurs clairsemées
mais l'oeuvre nous prend par la main, les personnages nous touchent
en profondeur, les paysages nous parlent et l'histoire de ces
gens O combien ordinaires semble s'adresser directement à
nous. Particulièrement attendrissant et tellement juste
dans le ton.