Un film très solide mais certainement pas le meilleur
de son auteur. Solide de par son sujet -ses sujets- à
savoir le traitement bilatéral de l'après-guerre
(1ère Guerre Mondiale) ; du ressentiment anti-français
en allemagne au ressentiment anti-allemand en France mis en
parallèle. Le film est un remake mais cette fois l'héroïne
y est allemande, comme un signe d'apaisement des temps. Solide
également de par le traitement de tous les sujets parallèles
: le souvenir, l'amour mais surtout le deuil, le mensonge et
le pardon. Pourtant Ozon joue les photographes en alternant
le noir et blanc et la couleur de façon complètement
aléatoire et sa réalisation peine à dépasser
certaines lourdeurs. S'il ne laisse planer le doute sur cette
amitié / histoire qu'un moment, le véritable sujet
du scénario est assurément le mensonge, double
ici ; le mensonge selon Ozon. Car on retrouve cette perversion
de la réalité chère au réalisateur
: aimer son pire ennemi en l'ignorant, et mentir, ce qui vaudrait
mieux que dire la vérité. A titre personnel je
pense avoir tout simplement vu l'histoire de ce Père
Noël que l'on raconte aux enfants : le beau mensonge que
l'on fait croire pour faire rêver ; sauf que dans le cas
présent le film s'arrête avant que les uns et les
autres ne soient découverts, que la vérité
n'éclate et que le petit mensonge se fasse plus blessant
qu'une dure vérité. En ce sens le film est assez
hypocrite malgré ses grandes qualités techniques
et scénaristiques, derrière le jeu parfait et
subtil des deux acteurs principaux, et même complètement
immoral. Ozon a choisi d'interroger la société
civile en balayant de la main la société morale
(dont le personnage du prêtre serait le symbole ?) et
en expliquant que le mensonge n'est pas immoral puisque non
condamnable... Libre à lui : mais je ne suis pas certain
que l'humanité en ressorte grandie. Mentir pour protéger
les gens ? De quoi ? De la vie ? Je pense plutôt que l'on
grandis -justement-, muris et se renforce par les épreuves
que la vie met sur notre route ; aussi difficiles soient-elles.