Plutôt que de broder ad vitam aeternam sur la "peur"
du terrorisme, The foreigner se focalise sur
l'impuissnce des familles des victimes et, le temps d'un film,
leur permet une vengeance improbable. Improbable ? Oui, car
encore aurait-il fallut écrire un scénario qui
tienne vraiment route ; et c'est loin d'être le cas. Il
est complètement incompréhensible que le vice
1er ministre anglais (chez qui on rentre comme dans un moulin...)
s'évertue à clamer une heure durant à la
pauvre et très insistante victime (Chan) qu'il ne sait
pas qui sont les coupables : la logique veut que les attentats
viennent d'arriver, que l'enquête débute à
peine et que, de toute façon, pour des raisons légales
il n'a en fait absolument pas le droit de divulger les noms
des suspects. Pourquoi s'en prendre à lui sans l'ombre
d'une preuve tangible, écraser par des préjuger
tout droit sortis de la TV, si ce n'est que Hennessy est un
ex-membre de l'IRA ? Le film va par ailleurs se transformer
en revenge movie avec un cuistot d'origine chinoise passer maître
dans l'art de fabriquer des armes de destruction (Cça
me rappelle un film de Seagal...) ; mais ce n'est pas le problème,
hors mis que l'on peut se dire que les terroristes n'ont vraiment
pas de chance. Le problème c'est que le père épleuré
va se muer en poseur de bombes, avec le risque très élevé
de faire d'autres innocentes victimes, d'insupportables et amoraux
dommages collatéraux : et là on est loin du portrait
de ce quidam, de ses valeurs, victime qui soudain nous apparaît
comme excessif et absurde. Sans parler de la manière
obscure dont il se procure du matériel lourd, transforme
en un temps record une forêt en un piège mortel,
photographie un ministre étrangement seul après
avoir été la cible d'une attaque à la bombe
: même si c'est pour voir sa maîtresse ; et ne me
parlez pas du gars assomé plusieurs heures avant...
Il y a de très encombrants problèmes de cohérence
interne dans ce scénario, même s'il faut bien lui
reconnaître certaines qualités : un J. Chan formidablement
sobre et crédible, des revirements de situation comme
il se doit, le thème de la manipulation et un format
original autour d'un chasseur solitaire façon "Punisher".
Je reste loin d'être conquis par le produit fini.