Film essentiel et d'une extrême pudeur sur un sujet ignoble
que d'aucun vont découvrir, croyant pourtant avoir tout
vu et tout connaître des abominations de la seconde guerre
mondiale. Le fils de Saulest une oeuvre poisseuse,
sans concession, méthodique, et même très
technique où l'on croit sentir l'odeur du sang et de
la mort dans chaque recoins des "décors". Depuis
sa photo grisâtre et mortuaire jusqu'à ses longs
plans / plans séquences où la caméra, quasiment
posée sur l'épaule du protagoniste, nous prend
par la main et nous oblige à le suivre au plus près,
et dans les moindres détails, à assister avec
lui aux horreurs perpétrées, ou plutôt ordonnées,
par les soldats nazis. En laissant les arrières-plans
dans une espèce de flou, décrivant toute l'impudence
et la l'ignominie de la situation, le film est effectivement
pudique mais il dénonce une autre infamie dont été
coupables ces pleutres de nazis : laisser des hommes devenir
les témoins actifs du côté le plus sombre
de l'humanité, jusqu'à se sâlir les mains
du sang des victimes de leurs bourreaux. Et la longueurs de
ces plans, d'une intelligence foudroyante, nous conduit irrémédiablement
à une scène plus extériorisée où
nous, spectateurs, devenons à notre tour témoins
de l'horreur. Et c'est dans ce chaos inhumain que Saul va tenter
de donner un peu d'humanité au cadavre d'un enfant, en
cherchant à l'enterrer avec dignité, dans les
rites consacrés. Film choc visuellement et essentiel
psychologiquement, oeuvre-témoin bouleversante car rare
il nous a été donné d'assister à
cette folie sanguinaire avec autant de force.