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Fences

Budget = 24 M$

BOX OFFICE France = 508 / 8 606 - 65 000 - 104 000 entrées
BOX OFFICE USA = 0,1 / 6,7 / 57,7 M$
BOX OFFICE Monde = 64,4 M$
 

Visuellement magnifique et très soigné, Fences (les fameuses "barrières" que le père de famille tente d'installer et qui symboliseront tant de choses : enfermer ceux qu'il ne veut voir partir, barrière entre lui et ses fils pour les endurcir ; barrières qui cachent ses propres défauts) est un pas dans la carrière de D. Washington -acteur et réalisateur- puisqu'il y trouve l'un de ses plus beaux rôles ; Denzel sort vraiment le grand jeu, créant un personnage expansif, à la fois dur et tendre. Et d'un autre côté sa réalisation est sobre mais fortement pensée et pleine de sensibilité, se mariant parfaitement avec le propos et laissant tout le champ libre aux acteurs. Mais revenons au personnage du père : centre du film, du théatre de la vie (le film est, à l'origine, une pièce de théatre), homme de morale, de justesse et apparemment de droiture, parlant plus qu'il ne le peut, survivant avec son modeste salaire, un peu porté sur la bouteille, assénant des leçons à ses enfants pour les voir mieux grandir ; et usant de métaphores base-ballistiques. D'ailleurs le film tire sa beauté des dialogues, longs, passionnants et passionnés, superbement pesés. De ses dialogues découle une oeuvre sur la famille, dans le cadre quasiment unique de la maison familiale, sur les vieilles histoires d'autrefois, parfois tragiques, d'un père de famille qui élève du mieux qu'il peut ses deux enfants, qui aime du mieux qu'il peut sa femme, qui apprécie tout particulièrement de sortir avec son ami et collègue de travail. Un peu mal dans son temps, réaliste sur la condition des noirs américains dans l'après seconde guerre mondiale. Mais le personnage est beaucoup plus riche, et surtout ambigü qu'il n'y parait. Derrière sa rudesse envers ses fils, se cache un homme imparfait qui va, contrairement à tout ce qu'il prône, manquer détruire sa famille. Le coeur de l'histoire se trouve ici. Ses discours moraux masque un homme immoral mais tellement conscient de ses faiblesses. Son apreté dissimulant un personnage qui aime les siens à sa façon, c'est-à-dire en se faisant détester afin qu'aucun de ses enfants n'aient le malheur de lui ressembler un jour ! D. Washington y campe donc un homme à deux visages, tour à tour admirable, dur, grinçant, bon et détestable ; seul maître à bord, seul garants des lois et de son bon plaisir...
Film brillant qui sait trouver le ton juste, presque banal et pourtant si fort, tournant autour d'une cellule familiale avec ses moments de joie, ses petites peines du quotidien, ses droits et ses devoirs, ses drames ; un grand film qui sait se tenir éloigné des personnages manichéens, creux et simplistes. Laissant également Viola Davis exploser tout son talent : elle vous donnera des frissons. Excellent. Profond.

La critique des internautes
 

 

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