Quel film se cache derrière ce très beau titre
français (Loveless en anglais) ? Le
thème semble se concentrer autour du divorce et la parentalité
(ratée) dans la société russe d'aujourd'hui.
Les plans sont longs et significatifs dans cette histoire d'enfant
non désiré, au centre d'un divorce houleux de
la part de parents tout à fait indignes et d'un môme
laissé sur la touche puisque rejetté. Il y a du
lyrisme également derrière cette réalisation
: voyez ce montage parallèle réfléchi où
le mari se bat pour conserver son poste dans une entreprise
religieuse et intégriste, et la femme embrasser pleinement
sa nouvelle vie. Le gamin est alors laissé de côté
: et par le scénario, et par les personnages.
Mais voilà : il s'agit en fait d'une interminable présentation,
d'un décor trop longuement exploré dans une espèce
de cinéma d'auteur hyper sexué -l'intérêt
de cette approche reste à prouver-, au sujet perdu de
vue avant une quasi moitié de film. On pourra bien sur
penser que tout basculera avec la fugue supposée de l'enfant
: le couple trouvera les ressources pour se battre dans un début
d'anarchie alors que le scénario lâchera peu à
peu prise. Faute d'amour est en quelque sorte
l'archétype du film cannois : un drame confondant longueur,
développement dramaturgique, et intellectualisation d'un
propos. Même si de grandes scènes le traversent.
Le film s'étire sans trouver de véritable intérêt
pour le spectateur (la fouille qui, en respectant un tempo quasi
réel / réaliste, crache sur le temps diégitique)
; de quoi rendre nostalgique du cinéma génialement
elliptique de Godard. Globalement le tout manque terriblement
d'émotion -peut être ici compensée par la
rage face à ces parents-, d'intensité et, pire
que cela, on peine à se mettre à la place de ces
gens auxquels l'identification est impossible...