On ne devrait pas entrer dans un film avec des idées
préconçues sur celui-ci : je le croyais situé
quelque part entre la communauté typique croisée
dans ce chef-d'oeuvre absolu qu'est Easy rider
et un film du génialissime J. Cassavetes. Un couple hérite
d'une trop grande maison mais se refuse à s'en séparer
; il va leur falloir trouver un moyen de payer son entretien
(une présentatrice TV et un prof d'université
en architecture... les pauvres). D'où l'idée de
la communauté où chacun participera. Ca part d'un
film-fantasme carrément rétro et un peu branque,
aux images culturellement très ciblées ; ça
ressemble à une ôde naïve au libertinage...
mais au final c'est l'histoire d'un homme qui trompe sa femme,
fais son coming out et laisse cette dernière se détruire.
L'histoire de la mort d'un couple. Des personnages principaux
forts pour un film qui prend plaisir à s'étirer,
parler pour combler les vides et rester chiche sur l'évènementiel.
Les personnages secondaires sont laissés en fond, de
même que l'histoire autour de la fille du couple reste
trop superficielle. Difficile de savoir où se situe le
scénariste vis à vis de son sujet : une oeuvre
immorale pour dénoncer ces moeurs d'un autre temps, libérales,
qui ont conduit notre société à son morcellement
amoureux ? En tout les cas il semble vouloir mitrailler un certain
idéal communautaire en total décalage avec l'histoire
récente et dont on a grand mal à voir l'intérêt.
Surtout que l'oeuvre se focalise facilement, comme je le disais,
sur les personnages centraux. Une oeuvre sur une communauté
qui est pourtant trop centrée sur le couple principal
et s'en trouve, par conséquent, inéquitable et
déséquilibrée ? Ca fonctionne difficilement...
Bref : contrairement à ce que dit l'affiche, le meilleur
film de Vinterberg depuis Festen reste La chasse,
et ce ne sont pas les séquences émotives avec
le petit enfant au seuil de la mort qui me feront changer d'avis.