Western néo-réaliste à la première
scène choc, scène qui assombrit merveilleusement
l'oeuvre, la rend toute particulière et laisse entrevoir
sa crudité, sa brutalité hors norme. Si le thème
de la religiosité extrême enveloppe tout le scénario,
celui-ci se démultiplie à loisir : mort, sexe,
culpabilité, condition de la femme...etc. Mais c'est
un western de fond, qui vire très rapidement au thriller
tendu, au film de psycho-killer pervers, démoniaque et
particulièrement sanguinolant. Excessif et noir. Le film
est divisé en chapitres inspirés très justement
de l'Ancien Testament : le récit du parcours croisé
entre un fou de Dieu, immigré hollandais, qui interprète
à loisir la Sainte Bible afin d'assouvir ses psychoses,
sa folie, ses frustrations, sa puissance psychologique / son
impuissance sexuelle, son despotisme et le culte de sa propre
personnalité. Ainsi que le récit d'une femme à
l'enfance perdue dont on découvrira et comprendra peu
à peu l'histoire. Oeuvre jusqu'au boutiste, certe, intense
mais surtout d'une très grande modernité puisque
paraissant discourir sur ces lâches de terroristes contemporains
qui s'en prennent aux plus faibles, aux plus désarmés,
sous les faux prétextes religieux d'une théologie
qu'ils ne maîtrisent absolument pas. On peut également
y voir une manière nouvelle de nous faire ressentir toute
la dureté du Far West, sa violence tant physique que
psychologique, son amoralité et sa justice servant les
plus puissants.
Oeuvre d'une violence rare, qui ne cherche jamais à épargner
le spectateur par quelques pirouettes scénaristiques
ou visuelles, réalisation au cordeau, images magnifiques
et musique divine ; le montage tout en nuances nous réservera
de belles surprises quant à la manière dont est
construit le film, et il nous faudra un peu de temps pour en
comprendre toute la saveur, toute la finesse. Brutal mais absolument
délectable. G. Pearce E. Fanning y excelle.