Pas évident, dans le petit monde de la critique de cinéma,
d'assumer avoir apprécié un film -aussi imparfait
soit-il- que a majorité rejette. Je vais tout de même
me justifier... Car ici on reconnaît pourtant bien l'oeuvre
d'Alfredson : non seulement ces décors noir et blanc
et glaciaux norvégiens, mais plus particulièrement
l'ambiance qui découle de nombreux détails. Celle
qui met en scène un flic solitaire ivrogne et classique
ainsi que moults personnages disparates. Et, bien sûr,
un bonhomme de neige. Et de vilains cadavres. Ce Bonhomme
est en fait une enquête criminelle intrigante
avec une ambiance nonchalante, une chasse au serial killer avec
une exposition assez aléatoire, étrange et parfois
-avouons-le- déstabilisante, des intrigues qui apparaissent
secondaires (le président de la Coupe du Monde) et des
personnages farfelus qui semblent tous avoir quelque chose à
cacher. De même que les situations incongrues, certains
réactions participent à la folie ambiante et à
ce quelque chose de malhabile mais de perceptible. Décousu
mais fait avec style, il se dégage une atmosphère
à laquelle on adhère ou que l'on rejettera en
bloc. Même le montage, avec ses nombreuses maladresses,
rend ce film atypique pour un peu qu'on s'y attache. Imparfait,
déséquilibré, pas très original,
laissant des pans de scénarios à la seule lecture
du spectateur (la mort d'un personnage principal qui passe un
peu vite, la présence du tueur dans la chambre d'hôtel,
l'identité du tueur qui peut être découverte
grâce à un détail, la fin complètement
misérable du tueur...etc), je trouve tout de même
l'ensemble loin d'être indigne de notre intérêt
de cinéphile.
Et puis il y a la réalisation ample et habile de Tomasson
et un scénario qui interroge aussi en filligramme sur
la paternité défaillante, sujet parfaitement contemporain.