Pas seulement une histoire d'amour. L'Angleterre en pleine
phase de décolonisation et les rapports de force qui
en découle. Sous ce titre plus grinçant qu'il
n'y parait se cache une oeuvre qui semblait marcher sur les
mêmes platte-bandes que Loving,
mais dont les enjeux ne sont pas du tout les mêmes. Histoire
également vraie, à la fois sociale, humaine, historique
mais surtout politique, l'oeuvre est essentielle à notre
connaissance de l'Afrique. Perdant la plupart de ses territoires
"occupés", la Grande-Bretagne bataille diplomatiquement
pour garder le contrôle de certains états du Commonwealth,
où tout au moins pour conserver son emprise sur les plus
riches : on y (re) découvre cette domination politique
hideuse sur les peuples d'Afrique, ce vol caractérisé
de leurs richesses (les diamants) et cette ingérence
aussi abominable que légale. Mais le film n'est en rien
manichéen, car c'est tout autant une description des
moeurs ségrégationnistes d'un pays d'Afrique qui
refuse de voir à sa tête une femme blanche (mais
après ce que les européens leur ont fait subir...).
Film solide, original de par son cadre, son approche et ses
implications diverses (où quand l'amour devrait passer
après l'intérêt d'une nation), S. Khama
devrait rester dans nos mémoires de citoyens en tant
que modèle d'exemplarité par le haut, symbole
de l'indépendance africaine et fier combattant des diverses
ségrégations. Alors pourquoi un tel insuccès
? Parce qu'européens et américains se fichent
toujours éperdument de l'Afrique, ignorants pour la plupart
les conséquences de leurs actions passées, même
après l'avoir humilié, pillé et meurtri
durant des siècles. Et parce qu'aucun d'entre nous ne
savait où se situait le Botswana...