Les suffragettes dépasse de loin un
propos déjà fort louable : celui du souvenir de
nos batailles passées. Outre celles des Suffragettes
en Grande-Bretagne luttant pour le droit de vote et l'égalité
avec les hommes, on peut voir dans ce film très ouvert
toutes les luttes de l'humanité pour faire progresser
sa liberté ; et à l'heure d'aujourd'hui, où
ces mêmes libertés régressent progressivement,
insidieusement, ce n'est pas un luxe que ce devoir de mémoire...
Pour en revenir au film stricto sensus, il permet surtout de
constater ce qu'était une femme, il y a à peine
un siècle, une simple minute à l'échelle
de l'histoire de notre civilisation : un être tout juste
humain qui avait le droit de travailler plus pour gagner moins,
mais ne pouvait jouir librement de ces gains, un être
esclave de la société des hommes avant de l'être
de son époux, une mère qui n'avait aucun droit
de regard sur ses propres enfants, une non-citoyenne enfoncée
dans l'ignorance. Triste tableau. Si la structure du film s'avère
très classique (l'innocente qui plonge petit à
petit dans le milieu des Suffragettes), la description symptomatique
de ce même combat fait encore froid dans le dos : difficultés
qui conduisent au rejet, compromis qui conduisent aux sacrifices
douloureux (oui : la scène avec l'enfant m'a bouleversé...),
pression et intimidation qui conduisent inéluctablement
à la violence politique, policière, puis à
la torture... Voici donc le récit d'un gropuscule d'activistes
qui prouvent, à qui en douterait encore aujourd'hui,
que l'on est en droit moralement de combattre un gouvernement
légitime, élu démocratiquement, lorsque
celui-ci commet des injustices et s'avère lui-même
immoral. Un film touchant qui rappelle que la désobéissance
civile est parfois le dernier retranchement du bon citoyen,
la résistance, la dernière lutte pour nos libertés.
Un magnifique drame, véritable ôde aux combats
de l'humanité pour l'acquisition de ses libertés.
Ode à ces combattants (tes).