L'auteur du grandiose et trop méconnu Les brasiers
de la colère (et du moins pimpant Crazy
heart) nous revient enfin. S'il n'a rien perdu de sa
prestance derrière la caméra, cette fois il n'est
pas forcément servi par le scénario : car j'ai
assisté exactement à ce à quoi je m'attendais
; à quelques nuances près. L'histoire d'un odieux
gangster de Boston, sa violence, sa famille, ses alliances...
tel que le cinéma nous en a déjà proposé
des wagons, dignes héritiers des films de Scorcese ou
de Coppola (Des hommes sans loi, Legend,
American gangster, Public enemy,
Donnie Brasco, Copland, L'impasse,
Il était une fois dans le Bronx...etc). Pour
la plupart des oeuvres appliquées, réussies et
possédant plus ou moins leur propre personnalité
et leur propre lecture du sujet. Je sais qu'il est difficile
de faire la fine bouche devant ce travail impeccable (musique
lourde et absolument somptueuse, Johnny Depp cabotinant au mieux
de sa forme, la photo léchée et une réalisation
précise comme un mécanisme d'horlogerie suisse)
mais le film rabâche son texte, usant de tous les ponctifs
du genre jusqu'à la fin et de l'inéluctable thématique
de la mort. Meurtres de sang froid, trahisons, amitiés,
nouveau venu, flic à moitié corrompu... Alors
oui : les affaires de familles sont un peu plus complexes, les
liens d'amitié aussi... et le jugement final est sans
appel. Mais le film restera toutefois trop raide sur ses assises.
Le problème c'est que vous avez sans doute déjà
vu ce film... et que vous avez probablement déjà
lu cette critique...