Le maître absolu du cinéma coréen (voir
asiatique et mondial) est de retour et sa verve ne faiblit pas.
Impossible, après seulement quelques images, de ne pas
être littéralement à genou, subjugué
par le travail exceptionnel et rare de cet esthète du
7ème art qui le rapproche sans nul doute d'un S. Kubrick
de ce point de vue ; revoyez ce film en coupant le son et il
s'avèrera être un délice pour les yeux,
tant par sa photographie tout bonnement impressionnante et délicieuse
que par le travail, que dis-je, l'étude picturale effectuée
sur chacun des plans qui le constitue. Estomaquant. Ce sera
ensuite, une fois envoûté, que le montage prendra
son emprise sur vous : un montage dans le montage ; étourdissant.
L'histoire de la première partie est à moitié
contée en flashbacks, déstructurant la chronologie
afin de parvenir à ses fins explicatives. Par ailleurs
le film est lui-même un immense flashback dont on reparlera
forcément dans quelques lignes... Ne vous avais-je point
demandé de vous boucher les oreilles ? Maintenant fermez
les yeux et goûtez aux délices d'une composition
musicale
qui, je vous le jure, vous hantera longtemps après la
vision de cette oeuvre.
Embrayons sur l'histoire, puisque Mademoiselle
n'est pas seulement une oeuvre d'art, de celle que l'on admire
sans arrière-pensée, formellement sublime. Le
scénario possède suffisamment de strates pour
combler tout nos désirs cinéphiliques : on part
avec une espèce "Corean job", film où
se monte une arnaque à la fortune que l'on imagine assez
classique mais pour autant très finement cisellé,
pour déboucher sur... 3 films. 3 films, 3 thèmes,
3 parties qui s'enchevètrent de la plus sublime des manières.
Il y a le thème principal que nous venons d'évoquer,
l'arnaque à propremement parler qui débouchera
sur 3 scénarios différents développés
dans chacune des 3 parties. Cette 1ère thématique
va nous amener à découvrir une histoire sordide
et déconcertante de perversion érotique et déboucher
sur le 3ème et véritable thème de l'oeuvre
: une histoire d'amour des plus sensuelles. Trois parties qui
vont également se répondre : une histoire à
3 voix où la seconde partie répond à la
première en donnant un tout autre éclairage sur
celle-ci, clarifiant les interrogations posées en sa
toute fin, explorant l'envers de ce décor qui semblait
posé ; la 3ème sublimant les deux autres en offrant
une conclusion qui renverse à nouveau l'histoire. J'insiste
: les 2nde et 3ème parties reprennent strictement les
mêmes scènes que la 1ère mais en variant
le point de vue afin de d'orienter le spectateur vers une réalité,
une vérité dont il n'avait pas conscience dès
le premier regard. Etourdissant. Trois oeuvres en une, trois
façons d'assomer le spectateur, le déconcerter
en le prenant par la main et l'emmenant là où
il ne pensait pas aller.
Délicat et pimenté, empreint d'humour, violent,
charnel & érotique, amorale et fou, Mademoiselle
est, quoiqu'on puisse penser de sa "morale"
(après tout les pervers et les arnaqueurs auront la fin
qu'ils méritent, Mademoiselle sera libre), une oeuvre
titanesque et brillante, formellement et fondamentalement réussie,
une folle histoire d'amour et de sexe, de perversion façon
"50 nuances de Grey" sauce asiatique, hautement impudique
mais originale en tout point.