Ce sera tout d'abord une oeuvre sans concession vis à
vis de cette arme qu'utilise si bien les plus riches : la guerre.
Boucherie impitoyable, inutile, injuste et sâle. Puis
ce sera l'histoire d'un déserteur qui, dans l'une des
périodes les plus sombres et honteuses de l'histoire
américaine (la Guerre de Sécession et la très
difficile et longue émancipation des noirs américains),
va se muter en idéaliste dans sa fuite et devenir le
Robin des Bayous. Cette oeuvre est une déchirante ôde
à la désertion face à l'injustice, cette
guerre comme tant d'autres n'étant pas celle de ces hommes
qui l'a font, anti-esclavagistes convaincus et enrolés
de force aux combats ; on y rit également de l'armée
et de sa hiérarchie maladive. Mais l'histoire ne s'arréte
pas là, loin s'en faut, car le film est d'une incroyable
densité : en créant le "Free State of Jones"
du titre, Newton Knight fut un formidable, génial autant
que méconnu révolutionnaire qui méritait
amplement qu'un film lui soit consacré. Et ce personnage,
son histoire, sont toujours d'une grande actualité :
on y évoque la réappropriation du fruit de notre
travail, de la propriété, la création d'un
état véritablement indépendant, libre et
parfaitement démocratique... Et ceci débouche
sur une autre guerre, pour la liberté cette fois, et
l'égalité. Une façon radicalement différente
de regarder l'histoire américaine, cette période
en particulier, mis en exergue par ces rares, allucinants mais
très fins aller-retours dans le futur (années
50) pour nous rappeler que le combat pour l'égalité
est extrêmemement long -et le film est un hommage vibrant
à cette lutte-, les résurgences du passé,
vils, et que le racisme est quelque part ancré dans les
"racines " -racines légales ici- des civilisations.
De magnifiques images et un M. McConaughey... stellaire !