Malgré mon admiration pour Audiard,
malgré le sacre de ce film à Cannes, je suis resté
sur ma faim ; je crois que les spectateurs aussi. C'est l'histoire
d'immigrés qui transitent par la France. Un homme, une
femme et une fille qui ne se connaissent en rien mais se réunissent
pour l'occasion, afin d'obtenir leur ticket de passage à
l'étranger. L'histoire de leur vie, leur adaptation,
leur apprentissage envers eux-mêmes, envers la société.
Mais c'est également l'histoire d'une banlieue où
des délinquants font la loi. La description a de quoi
laisser pantois : une simple chronique un peu amorphe pour qui
ne connaîtrait ni en noir ni en blanc la condition des
migrants (et en 2015 ils ont fait la une quasiment tous les
jours), pas plus que celle de certaines de nos banlieues, laissées
à l'abandon. On voit très bien submerger le thème
du film, il explose même sur la fin : ces gens laissent
derrière eux une guerre civile pour retrouver une guerre
urbaine. Double constat. Le film est parfaitement maitrisé,
là n'est pas la question, sa scénarisation fait
une belle place aux personnages, mais c'est le fond de l'histoire
auquelle je n'est guère adhéré : comme
je le disais on n'y apprendra rien sur le statut des migrants
en France, et on restera sur l'impression que notre pays est
en guerre contre la délinquance, pas loin des "non
go zone" décritent par une chaîne d'information
américaine. J'ai du mal à comprendre la démonstration
qui est faite dans ce film, voilà tout.