Sur le fil de l'année, encore un film a classé
parmi les très bonnes surprises françaises de
2015. Et il y a beaucoup de choses dans ce 1er film, des influences
conscientes ou pas et surtout beaucoup de sang neuf dans un
cinéma que je trouve sclérosé par ses grosses
productions qui nivellent le niveau par le bas. On y trouvera
un peu de Alexandre le bienheureux, ou comment
la fainéantise peut devenir une philosophie de vie, mais
également un certain détachement en regard de
ce monde, le tout mêlé à un vrai discours,
beaucoup plus profond qu'il n'en a l'air. D'ailleurs ce duo
n'est qu'un reflet : celui d'une génération qui
vit pour être célèbre et que le boulot dit
"classique", celui de papa-maman, débéquete,
celui d'une génération qui veut profiter de la
vie avant que la vie ne profite d'elle, qui se complaît
dans une certaine pauvreté en attendant d'être
richissime. Le reflet qui est celui du rap en général
: reflet d'une société sexiste et amorale, chose
qui n'a pas toujours été comprise dans ce sens
et que l'on a reproché -entre autres- à Orelsan
; alors que l'emploi du mot "nègre" ne fait
aucunement de lui un raciste dans les yeux de ses accusateurs...
Le rap est un constat, une conséquence, un syndrôme,
pas une cause sociétale. Stop à l'intellectualisation
à outrance : ce film donne la banane, il est profondément
drôle car rarement si léger qu'il n'y parait, blindé
de bons mots, de chansons aux textes écrits dans la dentelle,
à réécouter intensément. Comment
c'est loin serait un peu l'équivalent des comédies
blacks américaines, pas loin d'être le chaînon
manquant entre l'humour ricain et l'humour français.
Je suis Orelsan !