Un bon film qui aura du mal à s'élever au-delà
des apparences. Pourquoi ? Parce qu'il va exactement là
où on l'attend en terme de scénarisation, dépassant
cependant son propos, plus qu'un simple témoin donc (ce
qui est déjà beaucoup, il est vrai), mais ratant
le coche de l'histoire sur grand écran ; Chocolat était
un sans-papier, le film est une réflexion sur la difficile,
longue et sans cesse répétée, évolution
des moeurs de notre trop traditionnelle société
française, de ses préjugés éternellement
reportés sur tel ou tel groupe ethnique. Mais c'est aussi
une réflexion sur le monde du spectacle : celui-là
même qui ne court qu'après le profit, profit qui
commence bien souvent là où la morale s'arrête.
J'espérais mieux ? J'espérais quoi ? Il y a déjà
beaucoup de matière première : mais le scénario
a quand même un peu de mal à transformer le film
en une grande oeuvre immuable et référencielle.
Le personnage principal est pourtant rudement intéressant,
pour ne pas dire ambigu : pauvre devenu riche, riche englué
dans des dettes et qui finira pauvre. On reste étrangement
surpris qu'à cette époque il puisse même
y avoir, vu le statut des gens de couleur dans la société,
des embryons d'amour inter-raciaux : un statut que l'on imagine
extrêmement difficile à assumer et qui aurait sans
aucun doute mérité un plus long traitement ; un
lueur d'espoir naît alors lorsqu'on regarde l'étonnante
diversité, culturelle ou religieuse, véritable
medley qui s'opère de plus en plus dans la société
français. N'en déplaise à certaines extrêmes...
Je lui en demande peut-être trop à ce film.