Carol est un film avant toute chose mélancolique
: à l'image de la musique lancinante, de la bande-son,
des chansons douces, des fêtes de Noël, de la réalisation
-mélange de délicatesse et de raffinement-, de
la sensualité ambiante, d'une histoire qui ne va pas
trop vite en besogne et ne cède pas à la facilité
et, enfin, de la forme que prend le scénario lui-même,
jouant sur la nostalgie d'un flashback. Les deux actrices sont
immenses. Le réalisateur effectue un travail prodigieux
: les scènes dialoguées où les personnages
sont décentrés, montées en léger
staccato... L'enjeu étant de raconter une histoire d'amour,
et d'époque, en dépassant "l'originalité"
de son propos. Ce sera chose fait en décrivant une société
traditionnelle dépassée par les évènements
et en brodant autour du thème de la moralité (où
est la morale, questionne le scénario, quand il s'agit
d'ôter un enfant à sa mère ?). Mais au-delà
de l'évidente réussite technique et artistique
de l'oeuvre, on sent qu'il se démène littéralement
(les personnages y sont très étoffés, deux
mondes sont en confrontation) mais au final, au fil des minutes,
on sent toutefois qu'il manque un petit quelque chose, pas grand
chose, à cette love story ; quelque chose d'encore plus
exceptionnelle : une véritable substance cinématographique
autre que la simplicité d'une démonstration.