Subprimes, Goldman Sachs, Lehman Brothers,
JP Morgan... ces noms vous disent quelque chose ? Un conseil
: révisez votre petit manuel des notions élémentaires
d'économie et celui concernant la fameuse crise des Subprimes,
si vous souhaitez suivre ce film très, très pointu.
Mais une fois passé ce cap (j'avoue ne pas être
tout à fait familier avec ce secteur de notre vile économie
et n'avoir sans nulle doute pas tout pu appréhender à
sa juste valeur) vous allez assister à une oeuvre unique
en son genre. Unique parce qu'elle ose décortiquer dans
les moindres détails, aussi brillamment que si l'on avait
affaire à un documentaire sur le sujet, les tristements
célèbres prêts américains qui ont
très amplement contribué à faire couler
nombre d'économies de par le monde. A la fois ces prêts,
leur mécanisme odieux ainsi que les quelques personnes
qui ont vu venir de loin l'explosion de la bulle immobilière
et on prit les devants. Sans état d'âme ; ou presque.
Unique car c'est un film qui parle de morale, d'amoralité,
d'immoralité... et d'argent. Le serpent qui se mord la
queue. Unique car narrée avec panache, avec un ton qui
bouscule le spectateur, rend le film à la fois ludique
et grave (apartés, explications annexes, monologues face
caméra, invités prestigieux et surprenants). Et
le message, dénonciation à travers les descriptions
d'une crise galopante, est radicalement effrayant. On se rend
compte tout simplement de la pourriture de notre économie
mondiale (vue cette fois à travers le regard des ultra-riches),
de la fragilité fantômatique de nos supposées
démocraties, de l'amoralité de nos sociétés,
des limites d'un capitalisme cupide et meurtrier, des limites
d'un emprunt dit usurier et mensonger qui tient en respect les
plus pauvres ; ces mêmes populations fragiles qui payent
forcément la note de speculateurs multi-millardaires,
eux-mêmes pointant du doigts ces dites-populations pour
échapper à la justice (la conclusion sur les migrants
est terrible). Ou comment une poignée d'hommes à
la main-mise sur le monde par le biais de la finance, par-delà
les gouvernements, les entreprises, les justices, les agences
de notation et les lois ; comment une poignée d'hommes
cupides est capable de déstabiliser toutes les économies
du monde pour satisfaire un besoin toujours grandissant de pouvoir
personnifié par le dieu "dollar". Les personnages
y sont particulièrement développés et approfondis,
les acteurs rivalisent de qualités. La réalisation
s'adapte à merveille à la force et à la
dureté du film : d'autant plus étonnante qu'elle
est signée par le maître de la comédie américaine.
Une oeuvre choc et essentielle qu'il conviendra de conserver
dans un coin de son esprit.