Une affaire de femmes. La vie sous l'occupation allemande :
les femmes s'occupent de leur foyer, s'occupent d'elles-mêmes
et des autres, avec les moyens du bord. Notamment des interruptions
volontaires de grossesse.
Chabrol rend hommage à cette épouse que la justice
puni de mort pour avoir aidée des femmes refusant de
nourrir une nouvelle bouche durant cette période de privation
et de grande pauvreté ; et non pas pour ses liens troubles
avec une certaine France, vu que régnait l'immonde, le
lâche et traite régime de Vichy... L'avortement,
sujet Ô combien délicat dont nous ne débattrons
pas ici puisque le film n'ouvre pas ce débat, ou si peu
: il tient surtout à démontrer la contrainte insoutenable
de ces mères et rappelle leurs conditions de vie absolument
misérable dans une France meurtrie et trouble.
Chabrol n'est jamais tendre et n'hésite pas à
jongler avec la morale, sans doute fidèle à l'histoire
d'origine : son héroïne fricote avec de mauvaises
gens (le collabo), trompe frontalement son mari ; et il y a
des femmes aux moeurs très légères. Et
c'est justement cette balance qui fait toute la force du film
: Marie Latour est jugée pour infanticide et non pas
pour trahison ; pour sa morale défaillante dans un pays
qui fricotait sans honte avec l'envahisseur et a contribué
au massacre de centaines de milliers d'être humains, dans
des conditions aussi épouvantables qu'inhumaines et ammorales.
Avec, toujours, cette élégante réalisation
chabrolienne qui capture toute l'attention du spectateurs. Isabelle
Huppert -muse du réalisateur- compose son personnage
ambivalent avec une subtilité rare et passe du rire à
l'effroi avec une aisance extraordinaire.