Une pauvrette quitte sa famille contre un peu d'argent et rejoint
un artiste itinérant.
Le regard dur, noir, malin et la mine renfrognée de A.
Quinn face au le visage angélique et au regard naïf,
fuyant et empli de bonté de G. Masina. La Strada
est un vibrant et rude hommage aux spectacles de rue, aux clowns
et aux acrobates de tout poil : des dialogues parfois désopilants,
des personnages aussi atypiques que tragiques, un petit monde
d'errance pour une odyssée minimaliste et profondément
humaine. Ode au détachement et à la bohème
où cet antique camping-car-roulotte à trois roues
constitue en lui-même un personnage à part entière
de ces aventures sur les routes et à travers villes et
villages italiens. La strada c'est également
une incroyable histoire d'amour -sans amour- dramatiquement
maladroite et sourde entre deux personnages opposés :
l'artiste qui se livre sur scène, mais grandement incapable
de dire son attachement envers une femme-enfant candide.
Fellini construit plan par plan un univers empreint d'un rien
de folie communicative, de fausse légèreté
et d'une puissance émotive remarquable, diffusant un
cocktail de sentiments et de musicalité dans une œuvre
tendre et âpre. Fellini s'impose comme un auteur comme
nul autre, poète de l'image et inaltérable génie
pour ce qui est de leur composition. Un tourbillon d'émotions
et de vie qui me bouleverse à chaque fois : et pourtant
Dieu sait que je n'aime pas le cirque.
Un chef-d'oeuvre tout simplement : sur la divine musique de
Nino Rota.