Scènes de la vie conjugale, ou le cinéma réaliste
selon Ingmar Bergman.
Un couple qui s'aime, un couple qui se déchire devant
la caméra-témoin du réalisateur, effacé
devant les numéros de ses acteurs.
Point de départ pour vous emmener vers une réflexion
sur le couple, le mariage, l'amour, le divorce ; sans fard,
sans tabous. Une réflexion et un témoignage. Vu
l'étendue de cette étude il est fort probable
que nombre d'éléments vous touchent ou, dans le
pire des cas, vous rappellent votre propre existence à
deux. Et que nombre d'autres vous laissent froid si d'aventure
vous n'êtes pas passé par là case "divorce".
Le film est donc un travail assez plan-plan, sonnant juste mais
ne laissant pas de place à la fantaisie, ni devant, ni
derrière la caméra. Cependant le film trouve le
ton juste : tour à tour violent, dur, sensible, il finira
forcément par vous troubler (la "jalousie rétrospective"...),
vous gêner tant il semble impudique de pénétrer
dans la vie de ce couple qui finira par se détruire.
On se prendra en plein visage toute l'horreur de cette séparation,
mue par la tromperie. Et on trouvera en parallèle le
temps souvent long, faute de s'accrocher aux propos prolongés
par ces plans fixes, longs, trop rigides, et ce découpage
réduit au minimum. Un peu à la manière
dont ce couple hésite inlassablement entre attirance
/ amour et répulsion / haine.
Une question se pose toutefois sur cette notion de "réalisme"
: est-il vraiment réaliste d'aligner ces dialogues incessants
ou bien est-ce finalement une façon très / trop
théâtralisée d'énoncer les aléas
d'une existence afin de mieux les embrasser dans toute leur
complexité ?
Qu'importe : Liv Ullmann y est prodigieuse.