Tati ou l'art du mouvement.
Depuis la faune transitant par un aéroport jusqu'à
l'obsession du réalisateur pour la flore automobile,
en passant bien évidemment par ses délires anti-technologiques,
stagnant dans la fourmilière d'une exposition ou un restaurant
presque achevé. Avec ce besoin constant de dénoncer
la déshumanisation et la froideur de notre monde moderne
: la photographie grise et les décors à l'avenant
ne laissant aucun doute sur les intentions de l'auteur.
Bien que cette fois certains gags soient un peu mous, étirés,
parfois même un rien vieillots, le film reste pour moitié
voué à des gags sonores et de l'autre hérité
du comique de situation cher au cinéma muet. L'œuvre
est alors une longue tribulation urbaine, sans trame construite,
simple navigation entre les divers décors, les différentes
scènes et leurs personnages, dans un joyeux bazar organisé,
avec toujours ce même souci du détail et du "focus"
; du mouvement. Il en reste des séquences de génie
: les voisins regardant la TV sur le même mûr et
paraissant se contempler d'un appartement à l'autre ;
ou encore celle, feutrée, où le serveur semble
verser le champagne sur les chapeaux fleuris de ces dames !
Et ce rond-point métamorphosé discrètement
en manège !
Si Playtime possède quelques longueurs,
on trouve toujours plaisir à contempler cette oeuvre
purement et amoureusement cinématographique.