Depuis sa tombe un homme raconte sa carrière de Barbe-bleue.
Un rôle radicalement différent pour Chaplin, même
s'il fait toujours preuve d'un humour des plus délicat.
Nous avons d'un côté un beau parleur, croqueur
de femmes intéressé uniquement par leur argent
; de l'autre une famille qui recherche une femme disparue, aidée
par la police.
Chaplin se présente comme Monsieur Verdoux,
personnage amoral, affabulateur, escroc, voleur, menteur, cupide,
mystificateur, criminel, et meurtrier ; jonglant avec les femmes
et les diverses vies qu'il s'est inventé à profit.
Et c'est éminemment un véritable coup de génie
scénaristique : nous ne parviendrons jamais à
détester cet anti-héros par définition
! Son humour parfois empreint de burlesque, son côté
"bon père de famille" qui ne manquera pas de
nous émouvoir et, par-delà, une certaine humanité
aperçut au détour d'une rencontre : celle avec
la jeune femme sortie de prison, dans une scène tout
particulièrement émouvante.
Film surprenant, passionnant, malin, Monsieur Verdoux
est une œuvre pas loin d'être atypique dans la filmographie
humaniste de Chaplin. Différent, il n'en demeure pas
moins un film brillant, mis en images de façon expressive
et enjouée. Il s'achève en un mélange parfait,
tornade de drôlerie et tout à la fois condensé
éloquent de philosophie de vie ; ou cette même
vie rattrape le criminel et sa morale. Edifiant.