Au-delà de la gueule d'atmosphère.
Un couple triste s'installe dans la douce pension de l'hôtel
du nord, prêt à commettre l'irréparable...
Hôtel du Nord c'est une oeuvre délicate,
aux dialogues léchés et délectables (H.
Jeanson), résonnants et cousus d'un fil d'or, de petits
chefs-d'oeuvre de mots, de joutes verbales et de délicatesse
qui sont l'un des grands attraits du film. Hôtel
du Nord c'est également les décors d'un
Paris lointain, un Paris de carte postale, si typique, même
à l'époque, qui touche directement votre coeur.
C'est, enfin, une fourmilière de titis parisiens plus
ou moins sûr eux mais tellement attachants, se révélant
dans chaque scène (mention spéciale à l'extraordinare
L. Jouvet). Et qu'est ce que Annabella est belle !
Hôtel du Nord c'est le brûlant
contraste entre les deux premières scènes -la
repas de festif et le drame ambiant- qui subliment et rendent
d'emblée le film si puissant. Sans nul doute l'une des
plus belles histoires d'amour du 7ème art ; sublimée
à son tour par les autres histoires en parallèle,
tourbillonnantes, emmêlées, amoureuses tout autant,
puisque c'est bel et bien le thème qui traverse tout
le film.
Hôtel du Nord c'est le cinéma
français dans sa plus belle parure : je suis toujours
étonné de l'extrême fluidité des
mouvements de caméras de M. Carné, notamment le
traveling qui introduit le film, et celui qui le ferme, dans
une prodigieuse mise en parallèle.
Une incommensurable charge émotive, un pur chef-d'oeuvre
qui se passerait de mots, et pourtant...