Mr Deeds habite Ploucville, il hérite de l'immense fortune
de son oncle et se rend en ville (d'où le titre du film
en V.O.) afin de la gérer.
Longfellow Deeds fait partie de ces personnages qu'affectionne
tout particulièrement F. Capra : foncièrement
gentil, un brin naïf mais loin d'être bête,
un peu dans la Lune, en lutte tacite avec le monde extérieur
(ici, journalistes, avocats gestionnaires et autres rapaces).
Poli et romantique. Et Cary Cooper y est extraordinaire dans
ce rôle.
Bien sûr le personnage déteint vite sur le film
: on connaît d'avance son destin, notamment amoureux ;
sa gentillesse entraînant finalement la méchante
journaliste sur la voie de l'amour. Mais la critique du journalisme
à sensation fait mouche, de même que le regard
assez juste envers cette richesse qui nous éloigne trop
souvent de notre humanité première. Et le procès
"Mr Deeds Vs the world" se joue avec beaucoup de dérision,
déconstruisant divinement une plaidoirie qui se fonde
entièrement sur le jugement des apparences. Les préjugés
et la méchanceté. La jalousie et la cupidité.
L'extravagant Mr Deeds est une ôde à
cette recherche d'un bonheur obtenu par l'abnégation
et l'altruisme, et non par l'accumulation des richesses, pas
plus que par les salamalecs envers les nouveaux "siens".
Capra ayant obtenu l'Oscar à l'époque, difficile
de ne pas souligner cette façon de décortiquer
les dialogues par un plan en focus, allant chercher au coeur
de la scène sans pour autant en changer le point de vue.
Logique.