Un homme a le coup de foudre pour une jeune femme ; ils se
marièrent et eurent un enfant. Début de l'histoire.
Mais la jeune femme est belle, sublime même, et semble
attirer les regards des hommes... Alors c'est plutôt une
chronique de la jalousie ordinaire, qui va devenir "extraordinaire".
Chabrol décortique les relations de couple, les doutes
inhérents à l'amour, doutes qui se font pressents
(une attitude, un mot, une anomalie, une image déplacée...),
suspicieux puis obsessionnels, maladifs, conduisant au bord
de la folie par un véritable processus de / d'auto destruction.
D'une preuve sincère d'amour et d'attachement, la jalousie
va se mouvoir en obsession et en tyrannie, où la victime
ne sera pas forcément celle que l'on imagine. D'autant
plus que l'auteur touche du doigt le coeur du problème
: l'épouse se trouvant également prise dans ce
terrible étau de la suspicion, subissant les harcèlements
de son conjoint.
La mécanique est parfaite, presque effrayante -un enfer-,
créant autour de ces doutes une pure intrigue dont le
scénario limite volontairement les preuves et laisse
le dénouement en suspens ; comme dans tout bon polar
ou film noir. Mais également par intelligence et aussi
par perversion envers ce spectateur qui ne sait qui il se doit
de croire -le mari floué où la femme innocente-,
qui il va pouvoir prendre en pitié ; le point de vue
adopté est clairement celui du mari, mais petit à
petit la mise au point sera plus délicate.
Si la réalisation de Chabrol peut paraître âpre
de prime abord, elle ne manquera pas d'évoluer subtilement
avec la psychologie de son héros malheureux, multipliant
avec finesse les plans ambigus (le mari derrière des
grilles, les associations d'idées, les différents
points de vue...etc) en nous plongeant dans l'état d'esprit
de cet impitoyable et pathologique méfiant. Le film va
jusqu'au bout de son idée, il plonge, et nous avec, dans
cette psychose et on perd à cause de lui pied avec la
réalité.
Deux rôles effarants, pour ne pas dire monstrueux, pour
E. Béart et F. Cluzet.