Petite leçon d'histoire par Charlie "Charlot"
Chaplin. Dans l'un des plus grands chefs-d'oeuvre du 7ème
art.
Le parti pris d'en rire, la démonstration par la satire.
Charlot oublie son clochard mais ne manque jamais d'user de
sa verve : c'est ainsi qu'il se moque allègrement de
la guerre par le biais d'un pauvre soldat, maladivement maladroit,
devenu blessé de guerre. Ce soldat, barbier juif amnésique,
rentre alors dans un pays en crise et sous le joug d'un dictateur,
petit brun colérique voulant dominer le monde. Ca vous
rappelle forcément quelque chose ?!
Modernité et inventivité des gags le partagent
à une critique vive et acerbe du nazisme et de ses dérivés
mondiaux, Chaplin passe au peigne fin les immondes singularités
de ces régimes, en véritable visionnaire polotique
: l'autoritarisme, les restrictions diverses, le culte de la
personnalité, la police politique, les ghettos et la
discrimination, les camps de concentration (en 1940 !) ; et
une analyse juste de la haine proférée envers
autrui comme envers autant de boucs émissaire à
nos crises passées et à venir.
Le dictateur possède une propension
fabuleuse à passer de la pure comédie aux sujets
les plus sérieux, les plus dramatiques, voir les plus
durs (le sort des juifs durant la dictature nazi), créant
une dichotomie pas loin d'être violente et, par la même,
nous touchant d'autant plus : appuyé par le fait que
le héros est un héros de guerre, juif, ayant combattu
pour son pays...
Le film est bien évidemment émaillé de
scènes inoubliables : telle que celle mettant en image
le discours colérique en pseudo germain -mais compréhensible
par tous- étant sans aucun doute l'un des moments les
plus drôles de l'histoire du cinéma. De même
que cette ridicule guerre d'égo entre deux dictateurs
de bonne compagnie, tendant à les rabaisser en soulignant
leur bêtise mutuelle. Et, enfin, cette "danse du
monde" restant une scène puissamment et Ô
combien emblématique.
Ode à la résistance des peuples, à cette
précieuse liberté que tous devrait chérir,
à la tolérance de tout un chacun, Le dictateur
est assurément l'œuvre la plus aboutie,
la plus symbolique, le plus puissante de C. Chaplin, tentant
de prouver que le ridicule peut anéantir les idées
les plus extrémistes : transformer un puissant dictateur
en bouffon de bas étage, n'est-ce pas la plus belle façon
d'enlever cette aura minable qui trône au-dessus des plus
immondes êtres de l'espèce humaine ?
Le dictateur invite les peuples à résister
à toutes idéologies haineuses, malsaines, serviles,
cherchant à éradiquer les pensées libres
et effacer les différences. Une hymne universel à
la pensée et au discernement.