Une petite communauté d'ici ou d'ailleurs : Les bruits de couloirs, les langues bien pendues, les caractères de chacun, les petites histoires ; et un vilain corbeau.
Sur des sujets encore brûlants aujourd'hui (un médecin accusé de pratiquer des avortements) Le corbeau est une oeuvre visionnaire et précurseur, anticipant nos trolls actuels, ces lâches qui sévissent masqués sur les réseaux sociaux. Avec le même enjeu : la vérité. Entre rumeurs nauséabondes, manipulations et suppositions dénuées de sens et de preuves, les réputations se jouent et se déjouent. Sans être à proprement parler une véritable enquête, Le corbeau fait subir à ses personnages les horreurs qui leurs sont infligées, se débattant comme de beaux diables pour se dédouaner plutôt que lutter contre une ombre. Jusqu'à la lutte finale, somptueuse de rebondissements.
Servi par de sacrés protagonistes, aux dialogues fignolés, les plans savamment agencés de Clouzot, leurs mouvements savamment dosés, parfois extraordinaires, mettent en exergue suspicion, jalousie, méchanceté et, en 1943, le spectre de la délation et de la collaboration.