Goodbye Mr Keating : que d'esprit dans ce film ! Avec du très
beau linge pour les textes : Walt Whitman, H. D. Thoreau, William
Shakespeare...
Le cadre : une école préparatoire de garçons
dont les traditions sont à la fois psychorigides et inadaptées
à former des êtres humains, sains d'esprit et libres
; mais destinées à générer un moule
académique permettant de former, en formatant, des citoyens
lambda, des chefs asservis à cette société
mercantile déjà compétitive à outrance.
Les règles :
Une Excellence qui sert moins individuellement que pour un hypothétique
avenir professionnel.
La Discipline, leur obligeant à être esclave d'un
système, opposant ainsi la notion de moralité.
Des Traditions inflexibles, étouffantes et dont le conformisme
est un ennemi des libertés individuelles ; faites pour
être bouleversées.
L'Honneur : envers qui ? Toujours envers le même système
qui baillonne la liberté de pensée et d'être
soi.
Le cercle des poètes disparus est
un film à hommages. Hommage à ces professeurs
qui ont su nous faire grandir, devenir des hommes / femmes,
bousculant nos vies à jamais. Hommage à l'enseignement
qui se doit avant tout d'intéresser son audience, sans
lui remplir le cerveau, mais en le gonflant de savoir passionnant
et absolument passionné. Hommage, enfin, à notre
adolescence, à nos rébellions, à notre
besoin de liberté, à nos timidités, à
nos passions, à nos amours, à nos rêves
; envers ce besoin de s'éloigner de la sphère
et de l'influence parentale.
Le cercle des poètes disparus est une
œuvre délicieusement écrite, aux dialogues
ciselés, osant des leçons de vie brillantes de
sagesse, merveilleusement déclamées par un R.
Williams hallucinant. Jusqu'en cette dernière séquence,
scène culte s'il en est, forte et bouleversante, qui
vous déchire le coeur à chaque fois, symbole de
cette acte de résistance à l'autoritarisme aveugle,
par des esprits devenus libres qui restent debout plutôt
que sagement assis, comme on leur l'a enseigné
Depuis la toute première leçon dispensée
par Leur Capitaine / Robin Williams, aucun moment de ce film
ne quittera jamais plus votre esprit. Ce cercle, universel s'il
en est, parle de ce vieux monde qui tente en vain de survivre
en refusant le droit au monde de demain, plus jeune, de s'épanouir,
le droit à la création d'un monde autonome, moins
archaïque, moins sclérosé par des traditions
qui n'ont plus de sens ; le droit d'évoluer en pleine
liberté, intègrement, en suivant sa propre personnalité,
en inventant sa propre histoire.
Le "cercle des poètes disparus" est visuellement
soigné mais peut-être être pas assez audacieux
dans sa mise en images.