Une mère castratrice, un mari effacé, une épouse
rêveuse. Une épouse qui rêve du véritable
amour.
J'y vois, au-delà de l'éternelle histoire de la
femme et son amant, le thème de l'épouse tombant
amoureuse de celui qui effacera un destin tout tracé,
tristement rectiligne, un homme qui l'éloignera de cette
famille étouffante et cérémonieuse, un
homme totalement opposé à son triste mari : fort,
aventureux, beau, résolu. A l'opposé de cet époux
servile et raciste -thème audacieux à l'époque-
le scénario va se métamorphoser en thriller avant
l'heure, avec un joli suspens à la clé et une
fin foncièrement terrible ; Thérèse
Raquin ajoute de fructueuses strates scénaristiques
qui permettent à notre intérêt d'aller croissant
et de redoubler sur sa seconde moitié
Si Carné s'avère un peu trop sage derrière
la caméra, étonnament posé, manquant de
mettre en valeur personnages et décors lyonnais, on ne
peut nier que certaines scènes permettent une lecture
plus subtile, notamment lors de certaines confrontations dialoguées
ou de l'étonnante séquence d'accident.