La bataille de Stalingrad : l'ennemi est aux portes.
Après quelques minutes hautement intenses, pour le moins
éloquentes et éprouvantes, le scénario
aura la finesse d'adopter le point de vue des deux camps / ennemis
en présence. Il se fait soviétique, une puissance
dictatoriale et écrasante pour contrer une autre puissance
de la sorte, posant une question essentielle : quelle était
finalement le sens historique de cette victoire ? Et il devient
également allemand à travers le regard d'un officier,
tireur d'élite, qui va entrer en compétition dans
un jeu de cache-cache mortel avec son homologue et sniper russe
et, ainsi, donner tout son sel au film. C'est un point de vue
sur une bataille historique à travers une confrontation
symbolique ou les forces en présence, toutes idéologiques,
sont loin d'être manichéennes ; ce sont deux puissances
qui nient le respect de toute humanité, ayant basé
leur idéologie sur la haine, haine de ceux qui ne rentrent
pas dans leur cadre, leur carcan.
Stalingrad décrit une triste fabrique
de héros pour générer un sursaut d'orgueil
jusqu'à la victoire, ainsi que la contre-attaque à
la mesure de cet héroïsme. Mais au-delà de
toutes idéologies il y a des personnages humains, terriblement
humains, qui luttent contre des forces qui les dépassent,
qui luttent pour leur seule survie, au-delà de tout nationalisme.
Une histoire double où l'amour s'en mêle, les amitiés,
les trahisons, les compromis, la violence intrinsèque
et la liberté.
La reconstitution est particulièrement efficace et immersive,
superbement et intelligemment scénarisée, Annaud
offrant un spectacle grandiose et ébouriffant, sa mise
en scène étant peut-être l'une de ses toutes
meilleures (le jeu de glace / miroir avec les bouts de verre
dans l'usine).
Et la confrontation Ed Harris / Jude law a vraiment de la gueule
!