Avec l'inoubliable chanson du Boss et nous revoilà plonger
dans Philadelphia. Avec sa photographie épurée,
ainsi que la façon éloquente dont J. Demme se
colle sur les dialogues (cf. les formidables jeux de regard
et les regards caméras).
Tom Hanks campe un brillant avocat, promis à une carrière
prodigieuse ; il est homosexuel et a contracté le SIDA.
Et c'est officieusement pour cette raison que ses employeurs
le mettent honteusement et illégalement à la porte.
Philadelphia est la chronique de l'homophobie
ordinaire, celle qui court parfois sans haine, comme un simple
réflexe. Celle d'un avocat aux préjugés
tenaces mais qui fera son travail parce qu'il juge de prime
abrod que ce licenciement est arbitraire ; avant de comprendre
qu'il y a un homme, un être humain derrière le
plaignant.
Philadelphia est un film de procès,
grande tradition du cinéma américain, mais il
est à la fois le premier à aborder le sujet du
SIDA, usant de ces fameux échanges entre avocats (argument
béton / contre-argument en béton armé),
et il magnifie son approche grâce au génie de son
réalisateur.
Philadelphia fait sauter les tabous, traite
son sujet sans omissions.
Les scènes finales -Oh mon Dieu que la chanson de Neil
Young sied parfaitement à la dramaturgie !- sont sublimes
et résonnent à l'image du film, contre toutes
formes de discriminations, au travail ou ailleurs... et il y
a encore, justement, beaucoup de travail...