Birdy ou la profonde et fascinante histoire d'amitié entre un jeune homme atteint de TND (ressemblant à de l'autiste : obsessionnel et peu enclin aux interactions sociales), ensorcellé par les oiseaux, et un sportif neuro-typique qui croque la vie à pleines dents.
Birdy se prend pour un oiseau, souhaitant plus que tout s'envoler ; s'envoler loin de ses congénaires qui le considèrent comme dingue, loin de cette terre afin de mieux prendre du recul sur notre pauvre humanité ? Alors coincé derrière les murs sordides d'un hôpital psychiatrique il structe le ciel et semble attendre... La liberté. Ce film est son histoire, en flashbacks, avant qu'il ne croupisse derrière dans cette cage militaire, au milieu des fous.
Birdy est une oeuvre plus complexe et complète qu'elle ne pourrait le laisser paraître : le film évoque nos traumas humains, ceux inhérents à certains être humains et ceux provoqués par d'autres ; il parle à notre humanité de l'intégration des personnes avec des handicaps légers, de notre tolérance envers ses personnages atypiques, différentes, tortueuses.
Le film oppose également deux formes de médecine, deux façons d'aborder la notion de soin : d'un côté la puissance de l'autorité médicale et sa médicamentation à tout prix ; de l'autre un approche plus humaine et psychologique, cherchant sans cesse l'homme, l'ami, derrière le patient. Le film interroge d'ailleurs notre humanité, jusque dans sa manière de traiter les animaux.
Pacifique, Birdy est, enfin, une charge à l'encontre de l'armée et de ces guerres décidés par d'obscurs personnages, conflits qui déshumanisent et martyrisent notre espèce. C'est une oeuvre comme un hymne à la vie et à la liberté, l'opposition de deux mondes : celui intériorisé de Birdy, renfermé sur lui-même et auto-sufficant, cloisonné dans son esprit puis bientôt dans une cellule, et celui extériorisé de son ami, fait de femmes et de guerre lointaine, d'aller-retour dans ce fétide et mortuaire sanatorium.
Aidé de la musique planante de Peter Gabriel et de la mise en images chiadée et raffinée de Parker, Birdy devient tout bonnement un chef-d'oeuvre immuable.