Vie sauvage fut un lourd échec (186
000 entrées pour 5 M€ de budget)... Et c'est sans
doute pour de multiples raisons, certains ont même évoqué
les coups de gueule de Kasso, dont le rôle lui va comme
un gant- mais en voilà quelques unes, pêle-mêle
et plus prosaïques. Personne aujourd'hui ne veut entendre
parler d'un film qui clame, à qui veut l'entendre, qu'il
existe de réelles limites à nos lois civiques,
imparfaites puisqu'écrites et interprétables,
reléguant la morale sur le bord de la route. Personne
ne veut s'entendre conter l'histoire de gens qui recherchent
l'essence de la vie (leurs enfants) plutôt que l'enrichissement
personnel où tout du moins ce désir frénétique
de possession matériel ; des gens différents de
nous, plus ou moins, de la majorité des citoyens, qui
refusent argent, confort sociétal et avantages, qu'ils
lèguent volontier contre leur liberté et une simplicité
qui nous est toute étrangère. Si c'est un film
d'actualité (Cf. les papas réclamant encore tout
récemment leur droit à voir leurs gosses), si
le film reste ancré dans notre quotidien (le taux étourdissant
de divorces, les familles malmenées et les enfants qui
trinquent) il va plus loin que son sujet : on y retrouve ce
besoin de retour à la nature ainsi que les thématiques
chères à ce bon vieux David Henry Thoreau dont
le film suit quelques peu les aventures ("La vie dans les
bois") et leurs conclusions, leurs morales (la société
finit toujours par nous rattraper). Mais moi j'ai été
embarqué par ce film, parce qu'il me parle, d'une certaine
façon, j'en ai même oublié ses quelques
scories (une réalisation didactique et trop descriptive),
solidaire de tous les laissés-pour-compte, ces pères
oubliés de la législation française, ces
parents qui ne peuvent et ne veulent se séparer de ce
qu'ils ont de plus cher au monde... Un film touchant et humain
qui lance le débat.